Les médecins répondent aux questions
Le cancer est causé par la croissance incontrôlée de cellules anormales. Après un certain temps, ces groupes de cellules forment une masse appelée tumeur. Le cancer peut prendre naissance dans n’importe quel type de cellules d’un organe, d’une glande, des tissus musculaires, du sang et du système lymphatique. Dans le cas du cancer de la prostate, ce sont généralement les cellules sécrétoires qui deviennent cancéreuses. En théorie, il existe deux types de cancers de la prostate : ceux qui progressent lentement et ceux qui sont foudroyants. En réalité, la grande majorité des cancers de la prostate se situent entre ces deux extrêmes : ils évoluent à une vitesse moyenne. Pour le moment, la science ne dispose pas d’outils pour déterminer avec précision le rythme de la progression d’un cancer diagnostiqué chez un individu donné.
Avec le temps, les cellules malignes des tumeurs cancéreuses peuvent envahir les tissus ou les organes avoisinants. Elles peuvent même se propager dans l’ensemble du corps en empruntant, par exemple, la circulation sanguine ou lymphatique. C’est le stade dit « métastatique », synonyme de cancer généralisé. Dans le cancer de la prostate, les sites les plus fréquents des métastases sont les ganglions et les os.
Oui. Le cancer de la prostate est la forme de cancer la plus répandue chez les Canadiens de sexe masculin (à l’exclusion du cancer de la peau sans présence de mélanome). En 2011, on estimait à 25 500 le nombre de Canadiens qui ont reçu un diagnostic de cancer de la prostate et à 4 100 le nombre de ceux qui en sont décédés. Chaque jour, 70 Canadiens en moyenne reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate. Chaque jour, 11 Canadiens en moyenne meurent des suites de cette maladie. Un homme sur 7 risque d’avoir un cancer de la prostate au cours de sa vie, le plus souvent après l’âge de 60 ans. Un homme sur 28 en mourra.
Comme le cancer de la prostate se développe « en silence » dans la majorité des cas, un homme peut vivre avec cette maladie sans se douter de rien jusqu’à ce qu’elle soit décelée par hasard. C’est un fait, 80 % des cancers de la prostate sont découverts de façon fortuite au cours d’un examen de routine. Ils n’ont alors pas commencé à provoquer de symptômes et les hommes se sentent tout à fait bien. Parfois, la maladie en est à ses débuts, parfois elle est assez avancée.
L’hypertrophie bénigne de la prostate se caractérise par une augmentation bénigne de la taille de la prostate. On ne sait pas très bien pourquoi la prostate augmente de volume au point de finir par gêner le passage de l’urine, mais on considère que c’est une conséquence normale du vieillissement. Contrairement à ce qu’il se passe dans le cancer de la prostate, les cellules qui croissent et se multiplient sont parfaitement normales et il n’y a aucun risque qu’elles s’étendent à d’autres parties de l’organisme. L’hypertrophie bénigne de la prostate ne nécessite aucun traitement, sauf si les symptômes sont gênants.
Les connaissances actuelles sur le cancer de la prostate sont encore incomplètes, en particulier en ce qui concerne ses facteurs de risque. L’âge et les antécédents familiaux sont les plus importants facteurs de risque. L’alimentation et d’autres facteurs environnementaux peuvent également y contribuer. La plupart des hommes chez qui on diagnostique un cancer de la prostate ont plus de 65 ans.
Les hommes qui ont des cas de cancer de la prostate dans leur famille y sont plus exposés que les autres et, en général, le cancer risque de se déclarer un peu plus tôt chez eux. Les hommes dont le père ou le frère ont eu un cancer de la prostate sont deux fois plus susceptibles d’en souffrir à leur tour. Si deux proches ont été atteints (par exemple, le père et un ou deux frères), le risque est encore plus élevé. On a observé qu’une prédisposition familiale ou héréditaire se rencontre dans environ 15 % des cas de cancer de la prostate. Il est probable qu’à la fois la génétique et l’environnement jouent un rôle dans le développement de ce cancer.
Il est possible que des modifications dans l’apport alimentaire, associées à la consommation de certains micronutriments, aient un impact sur le cancer de la prostate. Mais pour l’instant, rien n’est prouvé ni approuvé en matière de prévention du cancer de la prostate.
Ce sont habituellement des urologues et des radio-oncologues qui traitent le cancer de la prostate une fois que le diagnostic a été posé. Si des métastases sont présentes, particulièrement quand on utilise la chimiothérapie, un oncologue médical se joint souvent à ces professionnels de la santé. De plus, l’équipe de soins qui accompagne le patient (composée du médecin de famille, d’infirmières, de technologues en radio-oncologie et de bénévoles) est là pour le réconforter et le soutenir.
Les tests nécessaires pour poser le diagnostic ne sont généralement pas douloureux, mais ils peuvent être désagréables. Une combinaison de trois tests aide à détecter un cancer de la prostate : le toucher rectal, le test de l’APS sanguin et la biopsie de la prostate. Pour ce qui est du toucher rectal, le médecin introduit un doigt ganté dans le rectum du patient afin de palper la glande. À l’état normal, la prostate est lisse et caoutchouteuse. Le médecin cherche donc l’éventuelle présente d’une protubérance ou d’une induration (durcissement). Bien qu’utile, le toucher rectal n’est en aucun cas un test diagnostic parfait puisqu’il ne permet pas d’examiner la totalité de la prostate. La plupart des cas de cancer diagnostiqués au Canada ne sont pas détectés à l’examen physique, mais à l’aide d’un test de l’APS. Pour déterminer la présence d’un cancer, il est nécessaire de faire une biopsie guidée par une sonde échographique placée dans le rectum. Cela est un peu douloureux, mais nécessaire pour poser le diagnostic de cancer. On ne pratique une biopsie que quand le toucher rectal ou le taux d’APS s’avèrent anormaux.
L’APS est une glycoprotéine (une protéine mélangée avec une molécule de sucre) produite par les cellules normales de la prostate. Une partie de l’APS se retrouve aussi dans la circulation sanguine. Le taux d’APS varie en fonction de l’âge et de la race, et il a naturellement tendance à s’élever chez les hommes de plus de 40 ans à cause de l’augmentation du volume de la prostate. Plus il y a de cellules dans la prostate, plus elles produisent d’APS, même en l’absence d’un cancer. En cas de cancer, une plus grande quantité d’APS peut se retrouver dans le sang et, par conséquent, le taux d’APS est plus élevé chez la plupart des personnes atteintes.
Oui. Le test de l’APS peut s’avérer normal (inférieur à 4) chez des patients qui ont un cancer de la prostate. De fait, selon une étude publiée en 2004 dans le New England Journal of Medicine, ce taux reste dans les limites normales chez 15 % des hommes atteints de la maladie. C’est ce qu’on appelle un faux négatif.
Non. Il ne faut jamais perdre de vue que l’APS est spécifique à la prostate, mais pas au cancer de la prostate ; son taux peut augmenter en l’absence d’un cancer pour diverses raisons : l’âge, la race, une hypertrophie bénigne ou une inflammation de la prostate, ou encore une infection urinaire. La plupart du temps, le taux redevient normal quand on peut traiter le problème. La manipulation prostatique par un urologue – lors d’une biopsie de la prostate, par exemple – peut, elle aussi, causer une augmentation momentanée de l’APS. C’est ce qu’on appelle un faux positif. Il ne faut donc pas tirer de conclusions trop hâtives. Par contre, il est plutôt rare que le toucher rectal provoque cette élévation.
Pas de façon importante.
Si le cancer est localisé dans la prostate et y est limité, il est très probable qu’il pourra être guéri et les patients auront alors plusieurs options. Le traitement dépendra de l’agressivité du cancer ainsi que de l’âge du patient, de son espérance de vie et de ses préférences. Les options sont la surveillance active, l’intervention chirurgicale et la radiothérapie.
Non. Même si le toucher rectal ou les biopsies prostatiques ne mettent le cancer en évidence que d’un seul côté, sur un seul lobe de la prostate, on sait qu’il s’agit d’un cancer multifocal, c’est-à-dire que l’on retrouve généralement dans plusieurs foyers (sept en moyenne) au microscope, répartis dans toute la prostate. Pour cette raison, il est indispensable de faire l’ablation de l’ensemble de la glande en cas d’opération, ou de la traiter au complet en cas de radiothérapie externe ou de brachythérapie.
Les médecins ne peuvent pas prédire avec précision le degré d’agressivité d’un cancer nouvellement diagnostiqué ni son risque de progression. Ils disposent cependant de certains outils pour les aider à guider le patient, à savoir les tables de Partin, les nomogrammes de Kattan et la table de survie d’Albertsen. Ces échelles d’évaluation sont utiles pour aider à prédire le niveau de risque auquel le patient est exposé.
Non, mais dans bien des cas, le cancer de la prostate évolue lentement et peut, pendant une longue période, ne pas provoquer de symptômes, ne pas se propager et ne pas mettre la vie du patient en danger. Chez les hommes âgés (de plus de 70 ans en général), il est fréquent qu’un cancer à évolution lente ne cause jamais de problème et que le patient décède d’autre chose. Lorsque tout indique que le cancer progressera lentement, le médecin préférera peut-être attendre une éventuelle manifestation de la maladie avant d’entreprendre un traitement. Il est important, dans certains cas, de mettre en balance les inconvénients du traitement et les risques que représente le cancer.
En général, le traitement du cancer de la prostate peut être associé à un certain degré de dysfonctionnement sexuel (habituellement soignable) ; cependant, la libido et les orgasmes sont préservés, sauf si on utilise l’hormonothérapie. L’incontinence urinaire, rare, est la plupart du temps associée à la chirurgie. La radiothérapie peut provoquer une irritation au niveau du rectum et de la vessie. L’hormonothérapie provoque généralement la perte de la libido et divers problèmes sexuels, de même que des bouffées de chaleur.
Quand le taux d’APS s’élève à la suite d’un traitement, quel qu’il soit, cela indique habituellement que le cancer a réapparu. Malheureusement, aucun traitement ne peut garantir une guérison. Le risque de récurrence varie en fonction de l’agressivité du cancer au moment du diagnostic. Le test de l’APS permet de détecter la récurrence du cancer à un stade précoce et un traitement supplémentaire permettra éventuellement de maîtriser la maladie avant qu’elle ne s’étende à d’autres organes.
Oui. Il y a toujours de l’espoir, même au stade le plus avancé du cancer de la prostate. Bien qu’on ne puisse pas s’attendre à une guérison, il est possible, grâce à l’hormonothérapie, de vivre pendant plusieurs années avec une très bonne qualité de vie. La recherche continue à améliorer l’espérance de vie et la qualité de vie des patients.
ela a constitué le principal domaine de la recherche au cours des 10 dernières années. De nombreux traitements ont été mis au point et ont aidé à prolonger la vie des hommes et à préserver leur qualité de vie. On dispose de la chimiothérapie et de nouvelles formes d’hormonothérapie qui permettent de garder les patients plus longtemps en vie dans de bonnes conditions. D’autres traitements aident à renforcer les os et à réduire les risques de complications des suites du cancer qui s’y est propagé. On voit aussi apparaître de nouvelles options, dont des traitements prometteurs qui sont encore à l’étude.
Oui. Si le cancer est découvert suffisamment tôt, s’il reste confiné à la prostate et s’il est traité en temps opportun, on peut généralement le guérir.
Du fait de la latitude nordique du Canada et de la faiblesse des rayons du soleil en automne et en hiver, il est recommandé aux Canadiens adultes d’envisager de prendre un supplément de vitamine D. Demandez à votre médecin si vous devriez prendre 1 000 unités internationales (UI) par jour durant les mois d’automne et d’hiver.
La recherche nous permet d’améliorer notre façon de traiter le cancer. C’est grâce aux recherches auxquelles ont participé des hommes atteints du cancer de la prostate que nous comprenons mieux ce cancer et que nous disposons de nouveaux traitements. En participant à un essai clinique, vous pourriez avoir accès à de nouveaux traitements. Ces essais impliquent un suivi étroit pour déterminer l’efficacité d’un nouveau traitement comparativement aux traitements standard (s’il y en a) et identifier les effets secondaires. Dans la grande majorité des cas, les avantages associés à la participation à un essai clinique surpassent largement les inconvénients. Les personnes que cela intéresse devraient demander à leur médecin s’il y a des études en cours qui seraient susceptibles de leur être bénéfiques.