Les médecins répondent aux questions
En dehors des cas suspects de glaucome et du glaucome chez l’enfant, il existe deux formes principales de glaucome : le glaucome à angle ouvert et le glaucome à angle fermé. Ces deux formes ne sont habituellement accompagnées d’aucun symptôme. Il n’y a pas de douleur, pas de baisse de vision (sauf au stade avancé de la maladie) et l’oeil est d’apparence normale. Non diagnostiqué, le glaucome peut donc évoluer insidieusement à l’insu du patient pendant des années, entraînant une destruction des fibres nerveuses du nerf optique et une perte irréversible de la vision. Seule la crise aiguë de glaucome à angle fermé, qui survient très rapidement, présente des symptômes. Il s’agit d’une urgence ophtalmologique, heureusement très rare, qui s’accompagne d’une forte douleur et d’une baisse de la vision, et qui peut être associée à des nausées et des vomissements.
Le glaucome affecte de 1 % à 3 % de la population du monde occidental de plus de 40 ans. On estime que plus de 400 000 personnes au Canada dont 70 000 personnes au Québec en sont atteintes. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le glaucome représente la deuxième cause de cécité dans le monde, après la cataracte. La fréquence de la maladie croît avec l’âge, passant de 2 % chez les personnes de plus de 40 ans, à 5 % chez les sujets de plus de 65 ans et 10 % chez ceux de plus de 80 ans.
Comme il s’agit d’une maladie asymptomatique, on ne recommandera jamais assez de passer régulièrement un examen de la vue chez l’optométriste, surtout après 40 ans et en présence de facteurs de risque. La Société canadienne d’ophtalmologie recommande aux personnes asymptomatiques à faible risque de glaucome (qui ont des antécédents familiaux, par exemple) de passer un examen au moins tous les trois ans si elles ont plus de 40 ans, au moins tous les deux ans si elles ont plus de 50 ans et tous les ans si elles ont plus de 65 ans.
Comme son nom l’indique, le « cas suspect de glaucome » est un patient chez qui l’on suspecte la présence d’un glaucome parce qu’il présente un ou plusieurs facteurs de risque ou des signes que l’on associe au glaucome. Seul le médecin pourra déterminer si une personne est « un cas suspect de glaucome ».
Les gènes et mécanismes responsables du glaucome ne sont pas tous connus et il est donc impossible d’associer le glaucome à une ou des causes précises. Toutefois, la survenue d’un glaucome est favorisée par l’existence de plusieurs facteurs de risque, dont le plus fréquent est une hausse de la pression dans l’oeil.
Le glaucome n’est pas dû à une infection, il n’y a donc aucun risque de contagion. Cependant, plusieurs personnes d’une même famille peuvent en être atteintes en raison d’une prédisposition familiale.
Un glaucome non soigné, quel qu’en soit le type, peut finir par entraîner la cécité. Les personnes atteintes de glaucome peuvent perdre la vue en quelques années si elles ne sont pas suivies. Cette perte de vision peut survenir en quelques jours en cas de crise aiguë de glaucome à angle fermé, qui est une urgence ophtalmologique heureusement rare.
Tous les cas de glaucome ne sont pas accompagnés d’une pression intraoculaire (PIO) élevée. Certaines personnes présentent une PIO élevée pendant de nombreuses années sans jamais
développer de glaucome. À l’inverse, d’autres personnes ont une PIO normale ou basse et sont atteintes de glaucome. La PIO n’est donc pas le seul facteur qui entre en jeu dans le glaucome.
Oui. Il existe des glaucomes secondaires à des traumatismes oculaires. Certaines maladies, ainsi que leurs traitements, peuvent également provoquer des glaucomes. Il s’agit surtout de problèmes inflammatoires articulaires qui provoquent des hausses de pression intraoculaire.
Non. Ni la lecture prolongée, ni le travail sur écran, ni la télévision, ni une utilisation intensive de la vision dans des activités de précision ne peuvent causer un glaucome.
Non. Une pression artérielle élevée peut légèrement accroître la pression intraoculaire, mais pas suffisamment pour provoquer un glaucome.
Le seul type de glaucome qu’il est possible de prévenir est la crise aiguë de glaucome à angle fermé; on pratique alors, à titre préventif, une iridotomie (trou microscopique dans l’iris). Pour les autres types de glaucomes, il n’existe pas de traitement préventif.
Non. Actuellement, le glaucome ne se guérit pas. Même après une iridotomie (chirurgie au laser), un suivi régulier chez l’ophtalmologiste ou chez l’optométriste est nécessaire, car le glaucome à angle fermé peut se transformer en glaucome à angle ouvert en raison de la persistance d’une pression intraoculaire élevée. De plus, les lésions du nerf optique provoquées par le glaucome sont irréversibles. Toutefois, lorsqu’il est pris en charge suffisamment tôt, le glaucome est bien maîtrisé dans la plupart des cas.
Oui. Les traitements existants sont très efficaces pour ralentir la progression du glaucome. Diverses chirurgies permettent d’évacuer l’humeur aqueuse de l’oeil afin de faire baisser la pression intraoculaire. La trabéculectomie est la plus fréquente. Il existe également diverses interventions au laser adaptées aux différents types de glaucomes, notamment l’iridotomie, qui est utilisée pour traiter le glaucome à angle fermé.
À moins d’un avis contraire, il est dangereux de cesser de mettre les gouttes pendant une période prolongée. Si on interrompt le traitement, la pression intraoculaire (PIO) augmente et la vision se détériore progressivement. Il faut informer l’équipe traitante de tout effet secondaire. Il existe souvent d’autres solutions médicales ou chirurgicales pour réduire la PIO.
Un suivi chez l’ophtalmologiste est indispensable quand on est atteint de glaucome. La fréquence des consultations et des traitements sera déterminée par le spécialiste de la vue en fonction du type de glaucome et de son stade.
La plupart du temps, les deux yeux sont atteints, même s’ils ne le sont pas toujours au même degré. Certains types de glaucomes peuvent toutefois se présenter dans un seul œil, notamment le glaucome à angle fermé, le glaucome exfoliatif et le glaucome post-traumatique.
Oui, la prise de certains médicaments augmente le risque de glaucome. La cortisone peut révéler ou déclencher un glaucome à angle ouvert chez des personnes prédisposées. Les « cas suspects de glaucome » à angle fermé devront également éviter certains médicaments susceptibles de dilater la pupille et de déclencher une crise aiguë de glaucome à angle fermé. Il s’agit d’une urgence ophtalmologique qui peut très rapidement mener à la cécité. Il est toutefois recommandé de consulter son médecin avant de cesser tout traitement.
Non. Les atteintes du champ visuel provoquées par le glaucome sont irréversibles. Aucun verre de lunettes ne peut compenser la perte de vision et aucun traitement ne peut la rétablir. Il est donc essentiel de bien suivre les traitements prescrits par le médecin, même si aucun symptôme n’est ressenti, afin d’éviter de subir des dommages permanents.
Oui, la plupart des personnes atteintes de glaucome peuvent conserver leur permis de conduire très longtemps puisque leur champ visuel n’est pas atteint.
Ce n’est qu’en cas de glaucome très évolué que la conduite devient difficile et dangereuse. Si les dommages au nerf optique et la perte du champ visuel sont importants, l’ophtalmologiste et la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) peuvent décider que la personne est inapte à conduire de manière sécuritaire et elle devra rendre son permis de conduire sans qu’il soit possible de le récupérer par la suite.
Le port de lentilles de contact n’est pas contre-indiqué chez la plupart des personnes atteintes de glaucome sauf après certaines interventions chirurgicales où il est recommandé de cesser de porter des lentilles de contact. Par ailleurs, des interactions peuvent se produire avec certains collyres. Il faut donc demander à l’ophtalmologiste quelles sont les précautions à prendre dans ce cas.
Oui, il n’y a aucun danger à prendre l’avion ou un autre moyen de transport et il est recommandé de faire du sport, car cela fait baisser la pression intraoculaire. Il faut toutefois éviter, surtout en présence d’un glaucome de stade avancé, les sports nécessitant de forcer excessivement (comme l’haltérophilie) et les exercices associés à une posture avec la tête en bas (comme le yoga), car cela provoque une hausse de la pression dans l’œil. Enfin, l’activité physique intense est contre-indiquée en cas de glaucome pigmentaire.
Non. Le stress, les relations sexuelles et les tâches faisant appel à la vision ne sont pas des facteurs de risque de glaucome, par conséquent, ils n’ont aucune influence sur la maladie. Les personnes atteintes de glaucome peuvent donc mener une vie tout à fait normale.
Non, le glaucome ne cause pas de cataracte. Toutefois, il n’est pas rare qu’une personne atteinte de glaucome développe une cataracte puisque ces deux maladies affectent principalement
les gens de 40 ans et plus. La chirurgie de la cataracte ne présente habituellement aucun danger pour le glaucome. Elle a même tendance à améliorer légèrement la pression intraoculaire.
Bien qu’il n’ait pas été établi hors de tout doute que le tabac est un facteur de risque du glaucome, quelques études récentes ont montré une association entre le glaucome et le tabagisme. Il est donc préférable de l’éviter.