Les médecins répondent aux questions
La maladie d’Alzheimer (MA) est une maladie dégénérative caractérisée par une perte progressive des neurones entraînant une détérioration graduelle et irréversible des fonctions cognitives (mémoire, parole, etc.). Elle se manifeste surtout après 65 ans.
Dans la grande famille des maladies appelées « démences » qui affectent les fonctions cognitives du cerveau, la MA est la plus répandue (60 % à 70 % des cas diagnostiqués).
La MA affecte plus de 25 millions de personnes à l’échelle mondiale et 300 000 au Canada. Cette maladie touche particulièrement les femmes puisqu’on compte deux femmes atteintes pour un homme.
Non, il existe deux formes de MA. La forme familiale de la maladie (FFMA), également appelée « forme génétique familiale », touche environ 5 % des personnes atteintes de la MA et elle est héréditaire. La forme sporadique, également appelée « forme commune », est la plus fréquente.
En dehors de la forme familiale de la maladie, qui se manifeste plus tôt, mais qui est beaucoup plus rare, les symptômes de la MA apparaissent habituellement après l’âge de 65 ans. On estime que 1 personne de plus de 65 ans sur 11 est atteinte de la MA; chez les plus de 85 ans, la maladie touche 1 personne sur 4.
La maladie d’Alzheimer résulte de la mort des neurones (cellules du cerveau), mais les scientifiques cherchent encore à déterminer ce qui cause cette destruction. Jusqu’à présent, les seules causes connues sont les causes génétiques associées à la forme familiale (FFMA) de la maladie. Plusieurs facteurs de risque ont cependant été identifiés pour la forme sporadique, dont des facteurs de risque vasculaires tels que l’hypertension ou l’hypercholestérolémie et un faible niveau de scolarité.
Le cerveau d’une personne atteinte de la MA présente deux types de lésions : les plaques amyloïdes (ou plaques séniles) et les enchevêtrements neurofibrillaires. On pense que ces lésions perturbent le fonctionnement des neurones et finissent par provoquer leur mort, ce qui affecte les fonctions cognitives, notamment la mémoire.
Seule la forme familiale de la maladie (FFMA), qui touche environ 5 % des personnes atteintes de la MA, est héréditaire. La forme sporadique de la maladie n’est pas héréditaire et peut frapper n’importe qui au sein de la population. Elle comporte toutefois des facteurs de risque génétiques qui expliqueraient pourquoi les personnes ayant des cas de MA dans leur famille courent un plus grand risque de la développer à leur tour.
De façon classique, la MA débute par une perte de mémoire à court terme. La personne atteinte aura tendance à poser la même question plusieurs fois dans la même semaine, puis dans la même journée. Surviennent ensuite des difficultés d’orientation dans le temps et dans l’espace. En fait, les symptômes et l’évolution de la maladie diffèrent d’une personne à une autre.
Les principaux symptômes de la MA sont les troubles cognitifs, c’est-à-dire la détérioration des processus qui permettent au cerveau de contrôler la mémoire, l’orientation, le langage, le jugement et l’organisation au quotidien. Les symptômes psychocomportementaux (modification de l’humeur, troubles du sommeil, etc.) sont également fréquents. Toutefois, l’ordre d’apparition des symptômes peut varier d’une personne à une autre, tout comme leur intensité et leur durée.
Oui, les troubles psychotiques (délires, illusions, hallucinations), l’agitation, l’agressivité et même les modifications du comportement sexuel sont parmi les symptômes qui peuvent apparaître au cours de la maladie. Toutefois, ces symptômes sont relativement peu fréquents et surviennent à un stade déjà avancé de la maladie.
Une consultation médicale est recommandée lorsqu’une personne ressent une modification de ses fonctions cognitives (mémoire, concentration, langage, orientation, jugement, etc.) ou de son état psychique (adaptation au milieu social, trouble de l’humeur, etc.), ou encore lorsque son entourage remarque l’apparition ou l’aggravation de troubles cognitifs, un changement psychocomportemental non expliqué (qui n’est pas lié à une maladie psychiatrique diagnostiquée) ou une perte d’autonomie.
Il n’existe pas de test particulier permettant d’affirmer avec certitude qu’une personne est atteinte de la MA. Un diagnostic est établi à partir des signes cliniques observés et des résultats obtenus lors des tests cognitifs, et, parfois, de certains examens complémentaires.
À partir du moment où la maladie d’Alzheimer est diagnostiquée, l’espérance de vie moyenne d’une personne atteinte est de cinq à sept ans. Mais cela peut toutefois varier en fonction du stade auquel la maladie a été diagnostiquée, de l’âge du malade et de son état de santé.
Il est essentiel d’annoncer le diagnostic de MA, sauf lorsque le mot « Alzheimer » est susceptible de provoquer une réaction négative démesurée (anxiété, dépression). Annoncer le diagnostic est d’autant plus important que cela permettra à la personne atteinte d’exprimer ses préoccupations et de prendre des décisions concernant sa vie.
Les traitements existants visent à atténuer les symptômes de la MA et à retarder leur apparition ainsi que leur évolution. Ils permettent ainsi de préserver le plus longtemps possible l’autonomie fonctionnelle et la qualité de vie des personnes atteintes de la MA.
Une prise de sang permet d’indiquer la présence d’une mutation génétique responsable de la forme familiale de la MA ou d’identifier un ou des facteurs de risque génétiques qui pourraient augmenter le risque de développer la forme sporadique de la maladie. La décision d’avoir recours à ce test doit être prise à la lumière des risques et des avantages associés, et il devra être fait dans une clinique spécialisée dans le diagnostic des troubles de la mémoire.
Il n’existe pas de traitement pour prévenir la MA, mais il est possible de réduire le risque de développer la maladie en modifiant certaines habitudes de vie. Ainsi, l’adoption de saines habitudes alimentaires et d’un mode de vie actif, tant sur le plan physique qu’intellectuel, permettrait de réduire le risque de développer la maladie ou d’en retarder les premiers symptômes.
Des repas équilibrés, riches en antioxydants, tels que des vitamines et des minéraux, sont des alliés incontournables pour préserver les capacités cognitives. Toutefois, les études réalisées jusqu’à présent n’ont pas montré de façon concluante que le fait de prendre des suppléments alimentaires (vitamines [B, C, E], ginkgo biloba, oméga-3, acide folique ou sélénium) est associé à des effets permettant de ralentir l’apparition des symptômes de la MA ou d’améliorer les fonctions cognitives, l’humeur et les troubles du comportement des personnes atteintes.
Il n’existe pour l’instant aucun traitement pour guérir la maladie ni pour stopper son évolution. Un diagnostic précoce permet cependant de bénéficier de traitements qui retardent la perte des fonctions cognitives (mémoire, orientation, langage, etc.).
Toute personne atteinte de la MA devra un jour ou l’autre cesser de conduire. Mais il n’existe aucune règle permettant de déterminer le moment ou le stade précis où elle devra le faire. Certains pourront conduire sans danger pendant quelque temps après le diagnostic.
Oui, il est recommandé de prendre certaines dispositions au moment du diagnostic, tant que la personne est en pleine possession de ses moyens, comme rédiger un mandat en cas d’inaptitude, se munir d’une procuration bancaire ou d’une procuration générale, et rédiger un testament. Lorsque la personne affectée est jugée inapte à gérer ses affaires, il est alors trop tard pour procéder à ces mesures légales.
La décision de placer un de ses proches en centre d’hébergement (Ressources intermédiaires [RI] publiques ou privées, Centres d’hébergement et de soins de longue durée [CHSLD] publics ou privés, ou résidence privée avec services d’assistance personnelle) s’avère nécessaire lorsque toutes les solutions de maintien à domicile ont été envisagées ou essayées et ne permettent plus d’assurer l’autonomie et la sécurité de la personne atteinte, et lorsque le quotidien est devenu difficile et épuisant pour les proches. Cette décision est souvent prise lorsque l’incontinence et les troubles du comportement (agitation, agressivité, errance, etc.) surviennent, c’est-à-dire au stade avancé de la maladie.
La perspective de la mise au point d’un vaccin capable de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer, voire de la stopper, incite de nombreuses équipes de recherche à explorer la voie de l’immunothérapie. Ces recherches suscitent de grands espoirs, mais plusieurs étapes restent à franchir.
La recherche est essentielle pour mieux comprendre la MA et parvenir à améliorer les traitements existants. Participer à des essais cliniques aide donc à faire avancer la recherche médicale et donne parfois accès à de nouveaux traitements. Les personnes qui souhaitent participer à des essais cliniques doivent cependant répondre à des critères de sélection très précis.